Mon cher Patrick

En ce jour de recueillement, nous avons voulu être à tes côtés, nous les rescapés de l’attentat du Drakkar, à être présents et accompagner nos camarades de l’UNP, venus également pour te saluer une dernière fois.

Effectuant ton service militaire dans les parachutistes, tu t’étais porté volontaire pour aller au Liban avec le 1er RCP.
Le 27 sept 1983, tu as débarqué à Beyrouth avec la 3ème Compagnie.
 Dès ton arrivée, tu t’es attelé d’arrache pied et plein d’enthousiasme aux nombreux travaux d’installation de la compagnie dans le Drakkar. Malgré le rythme intense de travail, des patrouilles et des gardes, tu avais toujours le sourire et la bonne humeur. Tes camarades t’appréciaient ; tu étais un compagnon agréable, un impressionnant guerrier lors des missions aux côtés de ton adjudant de compagnie avec qui tu avais sympathisé.
Mais ce jour du 23 oct 1983 est venu tragiquement t’arrêter à l’âge de 20 ans dans ton élan, toi la force de la nature. Tu venais de subir un lâche attentat contre le poste du Drakkar. Ce drame t’a laissé longtemps dans l’interrogation et la tristesse.
Durant les 1ères années, tu venais aux rendez-vous des commémorations avec les familles de tes camarades disparus. Un jour, ces camarades ont préféré te recontacter pour te rallier à nouveau à eux. Tu es resté quelques temps dans le silence.
C’était il y a un an ; tes camarades du Drakkar n’ont plus voulu que tu restes à l’écart. De nombreuses mains se sont alors tendues vers toi ; tu les as acceptées. Tu as ouvert la porte à ceux qui sont venus te voir. C’est de cette façon que tu as connu Pierre BOLLUT qui, depuis, était  resté proche de toi et à ton écoute.
Il t’arrivait même de m’appeler pour m’en faire part en me disant que tu te sentais mieux et que tu étais entouré.
Tu avais retrouvé une certaine joie de vivre et semblait joyeux. Je t’ai trouvé changé. Tu voulais nous revoir.

Malheureusement, cet élan de joie a brutalement été  interrompu à l’hôpital ce 23 déc, au moment ou tant de tracasseries administratives étaient alors réglées.

Nous sommes dans la peine Patrick. Nous aurions voulu te revoir parmi nous.

Avant de te quitter et de te laisser reposer en paix, saches que nous avons été heureux de t’avoir vu revenir vers nous. Tu nous laisses l’image du solide parachutiste FORGET qui, malgré cette grande blessure du Drakkar, avait repris pour si peu de temps la joie d’avoir retrouvé ses copains d’avant.

Nous te saluons une dernière fois notre frère d’arme.